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Présidence de les Républicains LR : entre Eric Ciotti et Bruno Retailleau, une drôle de guerre

Différents points de clivage

Ce duel ne devrait pas avoir lieu. Dans un monde parallèle, Bruno Retailleau et Eric Ciotti seraient réunis ce 28 août au Mont-Mezenc, en Haute-Loire. Tous deux s’inclineraient devant Laurent Wauquiez, la figure tutélaire des Républicains décidée à récupérer son trône de président, dans sa traditionnelle ascension. L’élection interne de LR, un sacre, avec le sénateur de Vendée et le député des Alpes-Maritimes en spectateurs privilégiés.

Ce scénario, gage de paix civile, a volé en éclats. Par son renoncement, Laurent Wauquiez a posé la première pierre d’un étrange affrontement. Bruno Retailleau et Eric Ciotti : deux hommes aux idées similaires mais aux tempéraments opposés. Une bataille indécise, qui plonge la droite dans un méandre d’incertitudes. Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut remonter au cœur de l’été. Le 26 juillet, Eric Ciotti se lance dans la course à la présidence de LR. Il esquisse un tandem avec Laurent Wauquiez. L’Elysée est à vous, la fête est à moi. Le sudiste est le grand favori, de justesse bousculé par le jeune Aurélien Pradié.

Eviter le « face à face »

Bruno Retailleau qui s’est déclaré candidat vendredi. Le très modéré secrétaire général du parti, Aurélien Pradié, devrait également annoncer sa candidature dans quelques jours. Tous les trois seront présents ce week-end. Dans une déclaration au Figaro, Bruno Retailleau a expliqué qu’il veut être candidat car il ne veut pas d’affrontement entre les deux lignes adverses, Pradié, Ciotti. « Cette élection ne doit pas se transformer en un face à face entre deux camps qui joueraient à la surenchère dans notre état de faiblesse, un affrontement frontal pourrait nous briser », a-t-il déclaré au journal.

Dans la foulée de la déclaration de candidature du sénateur de Vendée, une tribune a été publiée vendredi soir en soutien à Eric Ciotti, signée par plus de 500 jeunes du parti. C’est une guerre des nerfs entre deux hommes qui, au fond, partagent la même ligne politique d’une droite forte mais dont la forme les éloigne. Les 55 000 membres se prononceront début décembre. Ce qu’un dirigeant a confié à Europe 1, c’est que cette bataille devait désormais être menée intelligemment. Le spectre d’une nouvelle guerre Copé-Fillon hante toujours Les Républicains.

Bruno Retailleau président du groupe les républicains au sénat

Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a levé le suspense ce vendredi dans les colonnes du Figaro : il est officiellement candidat à la présidence de son parti. « Je considère que Laurent Wauquiez avait toutes les qualités pour présider notre mouvement mais, en son absence, beaucoup m’ont demandé de me présenter », a expliqué Bruno Retailleau à nos confrères.

Quelques heures auparavant, il avait déjà recueilli de nombreux soutiens. « J’espère que Bruno Retailleau sera candidat » à la présidence de LR, avait ainsi affirmé sur le point l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, estimant qu' »il peut apporter beaucoup ». Le sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Le Rudulier avait également apporté dans L’Express son soutien à Bruno Retailleau, qui selon lui « a une ligne politique proche de celle d’Eric Ciotti mais a un tempérament plus rassembleur ».

Le président du Sénat Gérard Larcher avait d’ailleurs déjà estimé que Bruno Retailleau « a toutes les qualités pour présider notre mouvement ».

Un ancien Premier ministre a aussi joué les trouble-fête pour Eric Ciotti

Francois Fillion ,ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy

Avec un tweet posté à 14h. Samedi, quelques minutes avant les premiers discours. François Fillon, pourtant très discret sur les réseaux sociaux, a annoncé soutenir Bruno Retailleau. Eric Ciotti découvre le tweet de l’ancien Premier ministre en se rendant au campus des jeunes LR. Il l’a vécu comme « un coup de poignard dans le dos », selon un député.

Eric Ciotti, qui perd ses soutiens un à un. Et puis, cerise sur le gâteau, la table ronde à laquelle participait le député des Alpes-Maritimes n’a pas fait le plein samedi après-midi, selon notre envoyé spécial sur place. Décidément, ce n’était pas un week-end de rêve pour Eric Ciotti.

Un soutien d’Aurélien Pradié, le très probable troisième homme de cette élection résume : « Eric Ciotti pensait qu’on allait lui dérouler le tapis rouge sauf qu’à Angers, c’est les Pays de la Loire. Et le Pays de la Loire, c’est la région de Bruno Retailleau ».

Ciotti trop diviseur ?

Les ambitions de Bruno Retailleau semblent assez claires : bloquer Eric Ciotti. « Il a été convaincu par Gérard Larcher de se présenter pour sauver le parti », raconte un sénateur proche de Bruno Retailleau.

Car le député des Alpes-Maritimes est souvent jugé trop « diviseur » y compris par ses partisans. « Avec une confrontation Pradié-Ciotti, on allait au fossé. Le parti se serait fracturé entre deux lignes », estime un parlementaire. Bruno Retailleau s’est donné deux objectifs s’il est élu président des Républicains : « Clarifier la ligne et rassembler ».

Le patron des sénateurs LR a d’ailleurs volontairement dramatisé la question devant des journalistes ce week-end à Angers : « C’est l’élection de la dernière chance, si on la rate, on est mort ». Comprenez : si les adhérents ne veulent pas voir le parti disparaître, vous devez voter pour moi.

Différences de tempérament

Vraie proximité, mais faux jumeaux. Entre les deux, c’est plutôt une question de tempérament. Le Sud contre l’Ouest. L’adepte des formules choc contre l’intellectuel. L’enfant du RPR contre le transfuge du Mouvement pour la France (MPF). Le combat ne sera pas doctrinal, mais humain.

Bruno Retailleau a saisi la faille de son adversaire. Il veut être l’homme du rassemblement. « Cliver est facile », lâche-t-il dans sa déclaration de candidature. Son atout : la présidence du groupe au Sénat. Ne dirige-t-il pas un collectif allant de la droite dure au centre-droit ? « Je ne partage pas ses positions conservatrices, mais il les a toujours supprimées pour maintenir l’unité de son groupe. Cela montre une certaine habileté », note un sénateur. Il a ainsi reçu le soutien de Stéphane Le Rudulier, qui était… porte-parole d’Eric Ciotti lors de la primaire présidentielle.

Incarnez tout sauf Ciotti. Une force, note un ancien ministre. « Il peut être un excellent candidat au second tour. » Mais aussi une faiblesse. Bruno Retailleau pourrait apparaître comme un choix par défaut. Même le candidat du « système », soutenu par une majorité de cadres. Son rival le dépeint déjà comme un candidat au statu quo, inhibé par le soutien des hiérarques LR. « Il ne faut pas qu’il s’enferme dans ce confort, prévient un support vendéen. Ce n’est pas une élection de notables. Les militants n’aiment jamais qu’on leur impose un choix.

Ciotti « Il défend la France, c’est ce que j’aime !

Laurent Wauquiez  Président du conseil régional
d’Auvergne-Rhône-Alpes et Eric Ciotti

Eric Ciotti est arrivé deuxième de la dernière primaire républicaine, remportée par Valérie Pécresse. Mais après l’échec retentissant du parti lors de la présidentielle, les thèmes d’Eric Ciotti semblent gagner du terrain. « Il martèle les mêmes sujets depuis des années. Aujourd’hui, c’est ça qui paie : il n’a pas changé de route et de ligne, et maintenant c’est à son tour de prendre la présidence », renchérit un autre militant.

Un portrait composite très caricatural, selon Eric Ciotti : « Cet argument nous amène finalement à ne pas dire les choses, notifie le candidat. Bien sûr, nous devons nous unir, mais nous devons être clairs car le rassemblement ne doit pas être le statu quo. Je ne serai pas le candidat du statu quo. Le patron de la très puissante fédération Les Républicains des Alpes-Maritimes fait une promesse : la « Ciotti-mania » sera le meilleur tremplin de Laurent Wauquiez pour l’élection présidentielle de 2027. Sa stratégie pour faire à nouveau saliver la droite.

Eric Ciotti Proche du Maroc

De son côté, s’est dit “heureux du début de clarification de l’Espagne envers le Maroc à propos du Sahara”.

Selon lui, la “souveraineté marocaine sur cette partie du Sahara n’est pas discutable”, faisant observer que “le respect des traités et des frontières nationales doit être une priorité”.

Le sénateur LR Bruno Retailleau, le député LR Eric Ciotti, arrive pour fréquenter le Campus de la Jeunesse Les Républicains (LR) à Angers, le 3 septembre 2022.

Au campus de la rentrée des jeunes Républicains, Retailleau a promis la création d’un « nouveau parti » pour rassembler et « reconstruire une vraie droite », tandis qu’Éric Ciotti, son rival à la présidence du parti, a déclaré refuser d’être le « candidat du statu quo » et veut une opposition claire au macronisme.

Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, candidat à la présidence de son parti, a promis de créer « un nouveau parti » afin de rassembler sa famille politique alors que son rival Éric Ciotti refuse d’être « le candidat du statu quo », Samedi au campus de la rentrée des jeunes républicains.

« Après trois échecs en trois élections présidentielles, il n’y a pas de fatalité. La condition est de tout changer, pas seulement les visages, pas seulement le nom du parti » mais de « tout bousculer », a déclaré Bruno Retailleau aux journalistes. , candidat depuis vendredi à la présidence lors de l’élection du 3 décembre.

« Reconstruire un vrai droit »

« Alors je veux créer un nouveau parti », a-t-il martelé, plaidant pour « reconstruire une vraie droite » qui soit « courageuse, pas honteuse » et « qui ne recule plus ».

« Je veux un droit regroupé, pas rétréci », a-t-il ajouté, assurant qu' »il n’y a pas d’avenir pour des petits bouts de droit » qui « seraient alors vendus à la coupe ».

C’est pourquoi « il faut qu’on se rassemble, avec une ligne claire. On n’a plus besoin de mots forts, car ils sonnent souvent creux (…) Si demain on n’est pas ensemble, on finira dans une cabine téléphonique », a affirmé l’un qui veut « proposer une autre voie », entre Éric Ciotti très identifié au régalien, et Aurélien Pradié au prisme plus social.

« La marque est périmée »

Paris, France Eric Ciotti / LR. Assemblé national

Depuis que les anciennes gloires, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon se sont retirés de la politique, et que d’autres dirigeants comme Valérie Pécresse ou François Baroin ont pris le relais, les ténors capables de reprendre le flambeau sont moins nombreux. Ceux qui restent se préparent à concourir à l’élection présidentielle de 2027, hors jeux de dispositif, comme les présidents des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France, Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand.

D’autres se positionnent déjà pour prendre la tête du parti, comme le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, premier candidat déclaré à l’élection à la présidence de LR, qui aura lieu les 3 et 4 décembre, afin pour succéder à Christian Jacob. Avec la date limite du 3 octobre pour soumettre les parrainages.
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Lors de cette compétition interne, M. Ciotti sera opposé au député du Lot, Aurélien Pradié, et au président des sénateurs LR, Bruno Retailleau, dans une sorte de match à trois.
L’ex-lieutenant de François Fillon a officialisé sa candidature à la présidence de LR, vendredi 2 septembre, dans un entretien au Figaro, en se posant comme le mieux à même de « rassembler » contre MM. Ciotti et Pradié. « Cette élection ne doit pas se transformer en un face-à-face entre deux camps qui joueraient à la surenchère », prévient M. Retailleau.

 

Mohammed KOMAT

Publié le 06/09/2022

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